Face à l'oeuvre marocaine
J'ai treize ans et demi, je sors de la librairie afin de rejoindre au plus vite ma maison. Ça y'est, je l'ai. En effet, je détiens le précieux pavé : le dernier ouvrage de J-K Rowling. Dès mon arrivée dans le salon, je me précipite sur le livre en commençant ardemment ma lecture. L'envie de le dévorer, de l'engloutir...
Seulement voilà, ne faut-il pas mieux prendre le temps d'analyser le vocabulaire, la tournure, mémoriser progressivement les péripéties du sorcier... Tout ça, dans le but d'apprécier d'avantage l'oeuvre, et de distinguer chaque chapitre comme un élément essentiel au dénouement de l'histoire?
Aujourd'hui, j'ai désormais dix huit ans, et je suis face au même dilemme. Seulement cet ouvrage, c'est la culture et l'histoire du Maroc. Ainsi, soigneusement, je parcours ces mots plus où moins complexes, ces nouvelles références, et tourne les pages uniquement lorsqu'elles me semble assimilées et comprises.
Évidemment, je ne vous cache pas que c'est un travail minutieux.
Les montagnes de l'Atlas
Aussitôt arrivés à Marrakech, nous reprenons avec nos clients la route pour rejoindre Ouarzazate. Après des kilomètres de méandres à travers la montagne, nous apercevons une petite pancarte signalant la piste : un arrêt s'impose.
Soulignons que nous n'avons pas la même conception des infrastructures en Europe qu'au nord de l'Afrique. En effet, une route, c'est un chemin goudronné, mais également un chemin qui ne l'ai pas. En généralisant : tout ce qui ressemble à une route l'est systématiquement.
En revanche les itinéraires sinueux, notamment à travers les montagnes, se révèlent des pistes (plus ou moins accessibles^^). Alors si l'envie d'une escapade montagneuse vous saisit, prenez votre temps et choisissez un bon chauffeur, la journée risque d'être longue...
La pancarte indique une petite auberge à quelques pas. C'est un endroit rustique, où il me semble que les touristes s'aventurent rarement. Des enfants courent et jouent avec des petits bâtons pour faire avancer les cerceaux. Une petite fille reste pourtant à l'écart, et s'occupe de sa poupée en tissu : un visage doux, un teint halé, et des cheveux bruns tout ébouriffés.
Du haut de ses quatre ans, elle n'en est pas moins débrouillarde et traverse les collines jonchées de pierres sans difficultés. Plus loin, nous croisons une autre enfant sensiblement plus âgée. Habillée d'un costume traditionnel, elle nous propose des petits objets confectionnés par ses soins au village. Des foulards brodés, des portes-clés en tissus, des grelots ornés d'étoffes colorées... Elle parcoure chaque jour, ornée tel un sapin de Noël, les chemins du grand sud.
Nous arrivons sur la terrasse, et voilà que s'étend devant moi un paysage à couper le souffle : une immensité de montagnes d'un rouge argileux égayé de la verdure printannière. On se sent bien, et l'on multiplie spontanément les appels aux échos.
Au loin, je distingue des habitants qui s'occupent de leurs exploitations, ainsi que des touches colorées sur le flanc des collines : ce sont les femmes qui font sécher leur linge et leurs tapis. On peut apercevoir également des troupeaux de chèvres qui traversent les champs paisiblement...Le tableau vaut la peine d'être vu. Et ce qui me plait particulièrement, c'est que cette image ne correspond absolument pas au cliché que les européens conservent des paysages marocains...
Ce ne fut pas la seule image que je conserve de ce périple, le coucher de soleil au ksar d'Ait ben Haddou fut lui aussi particulièrement spectaculaire. Cependant, je ne suis pas en mesure de vous le raconter, car le paysage n'en serait que mal retranscrit...
Le jardin de L'ho
Là où les palmiers accrochent leurs racines, vivent aussi les hommes...
C'est ainsi qu'en suivant l'oued, nous arrivons sur le territoire de Goulmima. Ici ? L'or bleu demeure une denrée rare, le chef de l'eau veille à sa répartition. De cette manière, des canaux déservent les parcelles agricoles. C'est également là où tous les gens du village ont appris à nager. On dit que l'eau donne la vie et qu'elle purifie ce qu'elle touche.
Nous franchissons la porte qui détient un petit trésor : le jardin de L'ho. Entre babil d'oiseaux et chatoiement de papillons, je découvre une faune particulièrement riche. En effet, les plantes sont variées et demeurent d'une grande utilité : le tamaris par exemple, est la matière première des serrures, des plats ou encore des portes. Le aoujdoun est recommandé aux femmes enceintes, cette plante aurait des propriétés bienfaisantes : afin de la consommer, il faut disséquer sa tige et en extraire la substance extensible, il suffit ensuite de la mâcher de la même manière qu'un chewing-gum.
Le regard tranquille, mes yeux se reposent et mes rêveries suspendent mes pensées. Mon esprit demeure serein. J'observe la floraison sauvage tissée autour d'un grillage au delà de toute imagination. Le soleil d'ouest frémit à travers les feuillages, à moins que ce soit autre chose. Vraisemblablement, les feuillages me semblent particulièrement agités... L'ho rit aux éclats. Rapidement je distingue deux oreilles grises. Un invité serait-il parmi nous ?
One Comment
Pour ce qui concerne la lecture d'un roman, il est normal que l'on ait envie de dévorer un livre du début jusqu'à la chute finale! Je conseille de ne pas se priver de se plaisir! En revanche, rien n'interdit de revenir pour une seconde lecture beaucoup plus attentive au style et autres fioritures...
Bonne fin de semaine lumineuse!
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