Blog + sphère + Maroc = Blogoma
Dans un pays où l’ADSL se faufile dans des villages de plus en plus reculés, et où la communication n’est pas toujours facile, bridée par le respect et la tradition, les blogs sont en pleine explosion.
J’y surfe beaucoup, avec passion, car certains d’entre eux me permettent de découvrir de plus près les rouages d’une culture dont tant de principes sont tellement acquis qu’ils ne s’expliquent pas.
Début mars, un article du Matin faisait un point enthousiaste :
- sur environ 30 millions d’habitants, le Maroc compte 5 millions d’internautes, et 400.000 abonnés, dont 97% par l’ADSL
- depuis fin 2006, les blogs explosent
- les blogueurs sont jeunes, entre 16 et 35 ans
- la langue française est prédominante, puis l’arabe, et quelques blogs en anglais ou en espagnol (à mon dernier comptage sur www.maBlogoma.com, 75% en français, 15% en arabe, 10% en anglais, et l’épaisseur du trait en espagnol)
- un des blogueurs arabophones marocains, Mohamed Jjroui, est considéré comme un des meilleurs blogueurs au monde
- à l’arrivée des élections (nb: marocaines, en septembre) on note une intrusion des partis politiques
- deux annuaires pour trouver des blogs marocains : www.blog.ma en français et www.blogjahiz.ma en arabe
Et peu de temps après, sur un de ces blogs marocains, le relais des propos d’un des fondateurs de la blogoma, Tarik Essaadi. (Tarik Essadi blogue notamment sur el mouaten, un blog collectif et citoyen.
“Les blogs n’ont pas pris au Maroc car les gens ont du mal à exprimer leur individualité. Le souffle leur manque. On lance un blog, on commence par “je m’appelle Ahmed et j’aimerais dire que” et on abandonne son blog aussi vite qu’on l’a créé. Les jeunes au Maroc ont en fait un simple outil qu’ils utilisent de manière mécanique. D’ailleurs, partout dans le monde, les blogs sont en recul sur Internet. Ils n’ont pas été l’outil idéal et final de la communication comme on l’avait cru.”
(Interview de Tarik Essaadi pour Tel Quel
(PS, Othmane, c’est sympa de donner la source, le reste de l’interview valait la lecture….)
Alors ? Qui a raison ? Explosion, généralisation, soufflé qui retombe ? Outil mal utilisé ? Sans doute un peu de tout, la vérité est entre le Matin et le constat un peu désabusé d’Essaadi.
D’abord, quelle Blogoma ?
On y trouve des blogueurs marocains partout dans le monde, ces fameux MRE (Marocains Revenant l’Eté), et ce que j’appelerais ces blogs trans-méditerranéens, un pied en France (ou ailleurs), un pied au Maroc, parfois simplement le souvenir ou l’attache émotionelle.
Dans ces blogs là, je lis régulièrement, Comme une bouteille jettée à la mer, Les tribulations d’un Marrakchi à Marrakech, Mehdi7 ou Loula La Nomade.
Il y a aussi les blogs réciproques, ceux des étrangers vivant au Maroc, ou ceux qui y ont vécu, et n’y sont plus. Patrick, élevé à Middelt, Laurent, entrepreneur à Casa, My Marrakesh,
Les politiques, ou les analystes, comme par exemple Jamel Belahrach, qui écrit rarement, ou ObiterDicta, dont les chroniques juridiques rappellent celles de Maitre Eolas, des journalistes, en français comme DB’s Land (qui n’écrit plus depuis des semaines, mais les articles publiés valent le détour), Najlae de Rabat, ou en anglais comme A view from Rabat.
Les blogs perso … de Xoussef, le blog hebdo d’Adam, qui a le même anniversaire que moi (mais pas le même âge…), Doktorix, de Meknès, Gahsbouba, le blog anglophone d’un berbère, Naim, professeur à Safi, Musing from Morocco, le blog d’une américaine en post au Maroc comme volontaire du Peace Corps, une écrivaine, Laila Lalami.
Les entrepreneur, comme Rachid Jankari, ou Yablog, centré techno.
les blogs touristico-informatifs, de qualité très diverses. Nous en faisons un sur l’, en voici un autre par exemple :A View from Fez, avec des photos superbes
Et puis Japan meets Tunisia un blog un peu hors-sujet, puisqu’il n’est pas marocain, mais tunisien. Mais pour l’intérêt et le clash des cultures, je voulais quand même le mettre !
Si vous avez d’autres blogs à m’indiquer… je prends avec plaisir !
Alors quelle qualité dans tout ça ?
Il est clair que mon netVibes est rempli de blogs marocains de qualité, que j’ai plaisir à lire régulièrement, qui m’apprenent plein de choses, me font rire, voyager… bref j’ai trouvé mon beurre.
Il est clair aussi que je ne vous ai pas donné tous les blogs de petits jeunes “bonjour de m’appelle Mohammed et je vais vous montrer 400 superbes photos de mon pays”. On les trouve sur Skyblog, Blogger… mais en quoi est-ce différent des autres blogosphères ?
En revanche, ce qui m’a frappée, c’est le nombre de blogs à l’abandon. J’ai suivi les blogrolls, j’ai cherché des liens, et combien de fois suis-je tombée sur un blog pas mis à jour depuis des mois ? Combien de fois ai-je sorti de mes flux des blogs qui n’avaient pas été mis à jour depuis 6 mois ?
Et sur ce point, oui, je rejoins Tarik Essaadi.
Un blog est un rendez-vous régulier, quotidien, hebdomadaire. Il faut du temps pour que la relation se noue. Quoi qu’il arrive, on parle dans le vide, peu de lecteurs se manifestent… Mais rien de plus désappointant qu’un blog avec quelques entrées, un long silence de plusieurs mois, un post “coucou je suis reviendu, j’avais beaucoup de choses à faire”, et hop, à nouveau un long silence. C’est cette construction du dialogue qui manque dans une grande partie de la Blogoma.
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