Hier soir, vers 20h30 un coup de canon, sans doute tiré de la kasbah de Taourirt, a résonné. L’imam a vu le premier fil du croissant de la nouvelle lune, et le mois sacré, le mois du jeûne, vient de commencer, pour 28 ou 29 jours. Cela dépend quand on verra la prochaine nouvelle lune… Car s’il est impossible, pour une quelconque raison, de voir la nouvelle lune suivante, le mois de Ramadan, en tout état de cause ne peut dépasser 30 jours.
Chaque matin, une heure avant le début du jour, le canon sonnera à nouveau, pour avertir les fidèles, pour certains d’entre eux c’est le dernier repas avant le jeune qui durera jusqu’au coucher du soleil. Jusqu’à ce que l’imam ne puisse plus distinguer à l’oeil nu un fil noir très fin d’un autre fil, blanc. Quand retentit enfin l’appel à la prière du soir, le jeûne est fini, arrive le moment tant attendu du petit déjeuner, avec du petit-lait et des dattes, des oeufs, du msamem (crêpes marocaines un peu feuilletées, qu’on mange chaudes, avec du beurre, du miel ou de la confiture), des multiples petits gâteaux, du pain cuit avec de la graisse de viande, de la soupe (harira), du thé, du café… Plus tard, vers minuit viendra le repas, nourrissant et copieux, on cuisine toujours trop, pour pouvoir partager avec ses voisins, et donner aux pauvres.
Car Ramadan est le mois de la charité, celui où il est inconcevable que quiconque puisse avoir faim. Quand on invite quelqu’un à manger chez soi, c’est dans l’esprit de Dieu, et votre maison devient un peu sacrée, comme une mosquée. Et cela se comprend, la discipline de Ramadan est assez dure, si en plus on doit avoir faim le soir, cela devient impossible !
Pendant toute la durée du jour, on ne doit bien sûr ni boire ni manger. Ne pas fumer non plus, éviter les parfums, les plaisirs des sens, tous les plaisirs amoureux. Et éviter d’y penser aussi, car comme toujours en Islam, l’intention compte autant que le fait. Celui qui jeûnerait toute la journée en pensant sans cesse à son repas du soir ne serait pas fidèle à l’esprit du mois sacré. Ni celui qui s’énerverait ou se mettrait en colère. Il devrait alors remplacer son jour de jeûne, en prolongeant au-delà de la fin de Ramadan… comme il est difficile d’avoir faim et soif, toute la journée, par temps de chaleur (il faisait hier près de 30° dans la journée), tout en restant d’humeur égale !
Différentes pénalités sont prévues pour celui qui n’arrive pas à suivre Ramadan. Si par erreur, il avale sans l’avoir voulu de l’eau (par exemple en se lavant les dents ou en se rafraîchissant – car heureusement il est permis de s’asperger d’eau pour se rafraîchir) ou une bouchée d’un aliment, il devra remplacer la journée de jeûne perdue par une autre. Si il n’arrive pas une journée à résister, et mange ou boit en toute connaissance de cause, il doit alors prolonger son jeûne de 30 jours, ou bien nourrir un soir 60 pauvres.
Les malades, les femmes enceintes ou qui allaitent, celles qui ont leur règles, et les voyageurs allant à plus de 80 kilomètres ne sont pas soumis à Ramadan. Ils devront alors « rembourser » le jeune en le faisant plus tard, que ce soit la totalité du mois, ou juste quelques jours perdus.
Beaucoup de musulmans choisissent aussi de prolonger de 6 jours encore la période de jeûne.
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