On peut aller rapidement dans le désert, pour une nuit, une petite excursion à partir de Ouarzazate (ou même de Marrakech, mais il faudra beaucoup rouler).
On verra de beaux paysages, des dunes formées par le vent, un superbe coucher de soleil, un ciel embrasé qui répond à l’or rouge du sable. On passera une nuit heureuse sous la tente berbère, avec le plus souvent, une soirée feu de camp animée, des champs.
On passera un bon moment.
Mais on ne sera pas allé dans le désert.
Le désert, pour le ressentir, pour le comprendre, il faut du temps. Il faut que le corps s’habitue à la sécheresse extrême de l’air, que la poussière s’installe partout, la poussière très fine que l’on ne sent même pas, dans les replis de la peau, dans les narines.
Il faut que l’oeil se fatigue un peu de la lumière intense, du soleil qui se reflète sur les schistes noir de la Hamada du Draa. Il faut que l’ennui s’installe, un peu, de la monotonie du paysage, marcher, encore marcher, ou bien rouler, et toujours voir les mêmes dunes, les mêmes étendues pierreuses, et ne rencontrer personne.
Alors, seulement, on est dans le désert.
Quarante jours, demandaient les anciens. Quarante jours de retraite, pour que le sable, le vent, la rareté de l’eau fassent leur effet, nous dépouillent de la vie intense de la cité. Certains « vont au désert » comme on entre en religion, et c’est vrai que cette vie dépouillée recentre sur l’essentiel.
Quarante jours, dans nos vies modernes, c’est énorme. Plus que la totalité des congés payés annuels…
Mais entre une journée et quarante jours de désert, il y a de la marge.
Le seuil est variable, pour chaque individu. Si l’on a déjà réellement vécu le désert, le corps se souvient, les sensations reviennent plus vite.
Pour moi, dans un autre désert que celui du Maroc, le déclic s’est fait au bout de cinq jours. Quelque chose a changé, dans ma perception de ces paysages toujours semblables, et soudainement, m’a montré tous les petits détails anodins qui en faisaient la grande variété.
La poussière est devenue une gêne accessoire, l’impression de carton dans les narines ne m’a plus gênée. J’ai eu l’impression de me fondre dans cet environnement hostile, d’en faire partie, tout en sachant qu’il ne pardonnait rien, comme la mer.
Il ne s’agissait pas de se faire un cinéma de voyageur égaré, ni de se faire souffrir. Nous avions de l’eau, mais pas très fraîche, et pas assez pour de grandes douches le soir. Nous avions chaud, sans que cela soit excessif. Et nous étions un petit groupe, centré sur lui même, 24 heures sur 24 ensemble, sans échappatoire possible. A la contrainte physique répondait la contrainte morale, et en même temps venait un extraordinaire sentiment de liberté.
Et puis, quand on est vraiment allé dans le désert, on en sort. Et cet instant là est merveilleux. Il transforme le petit ruisseau qui se devine, au fond d’un canal entre deux maisons de terre cuite en une rivière abondante et sauvage. Les quelques herbes disséminées dans une parcelle sous les palmiers en un pâturage suisse. La douche rapide a des parfums de hammam interninable.
Il faut aller dans le désert pour en sortir. Et c’est peut-être seulement pour cette sortie, ce ressenti si fort de l’eau et de la verdure, que l’on va dans le désert…
6 Comments
J’aurais besoin de tes conseils Lalla.
Je prendrai contact avec toi le moment venu :)
Tu sais que ce serait un plaisir Lalla :) (et je te promets le plus beau des dromadaires!)
C’est formidable de découvrir nos régions.. en tous les cas bravo pour les notes
Salam alaykoum
je suis une casablancaise et j’aimerais bien faire un voyage organisé au sud du Maroc et découvrir le Sahara du bladi…plus précis les environs de ouarzazzat
SVP je voulais faire la réservation pour le mois de juillet avant ramadan
j’attends votre réponse
Bonjour
le plus simple est d’aller dans la section « circuits et excursions » et de sélectionner un itinéraire qui vous convienne.
Mais l’été n’est pas la meilleure période pour découvrir le Sahara.
Bien cordialement
oui vous avez raison surtout avec shoudat de ses 3 derniers jour :)
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