C’est la dernière mode, aller rencontrer les hommes bleus à Merzouga ou M’hamid.
Hélas, c’est comme si on vous montrait des gardiens de la Tour de Londres au pied de la Tour Eiffel, sous prétexte que les deux pays sont en Europe.
Un « homme bleu », c’est un Touareg. C’est un nomade berbère, certes, mais de l’autre coté du Sahara, dont la zone de nomadisme recouvre une partie du Mali, du Niger et de la Mauritanie, mais qui n’est jamais, jamais arrivé au Maroc.
Un homme bleu l’est parce qu’il porte des voiles teintés d’indigo, dont le bleu sombre, presque noir, déteint peu à peu sur sa peau, et la colore en bleu.
Ca, ce n’est pas un homme bleu. C’est un berbère marocain qui porte une djellabah et un chêche bleu clair. Et qui parle le dialecte tamazight ou tachelhit, une des cinq variantes de la langueber pratiquées au Maroc, et qui est par contre incapable de comprendre le tamasheq, le berbère des Touaregs, aussi éloigné des dialectes marocains que le sicilien des rues peut l’être du wallon.
Les tribus nomades qui ont peuplé le Maroc sont venues peu à peu de l’est, de l’Egypte, en fait, dans un lent mouvement migratoire qui a commencé à la chute de l’empire romain.
Les tribus autour de Merzouga sont berbères, des Aït Khabache, qui n’ont jamais été Touaregs. Les tribus au sud de M’hamid sont arabes, des Hassani, qui se sont fixés là à l’époque où les sultans du Maroc les utilisaient pour casser la puissance des berbères, et notamment des Aït Atta.
Bref, sachez que si on vous propose les « hommes bleus », on vous propose quelque chose de faux, de monté de toutes pièces, juste parce que cela fait un peu rêver.
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