Une intéressante discussion chez Casawaves, sur le tourisme de luxe au Maroc.
Intéressante, parce qu’on y voit, et très rapidement, les arguments contre le développement du tourisme, perçu de plus en plus comme une bulle de luxe, dont les profits ne vont pas aux marocains - en tout cas pas aux marocains « moyens » - et qui fait perdre son âme au pays.
Or je suis d’un avis finalement inverse, et je souhaiterais voir se développer au Maroc une politique de vrai tourisme de luxe, au lieu d’une politique de tourisme de masse. Marrakech n’est pas une destination de luxe, c’est une destination de masse avec des produits de luxe.
Mais quand on communique sur « 10 millions de touristes en 2010″ comme le fait le gouvernement marocain, on est manifestement sur un objectif quantitatif, et pas qualitatif.
Le Maroc peut choisir entre deux modèles : la Tunisie, ou la Namibie. Dans le premier pays on a développé un tourisme de masse, une destination privilégiée pour les « voyages à forfait », une clientèle qui veut juste une plage, du soleil, et des prix les plus bas possibles pour un hôtel « européen » climatisé, et des boîtes de nuit. Les prix tunisiens sont d’ailleurs imbattables, et aujourd’hui le Maroc a une image de destination chère, par rapport à la Tunisie.
L’autre modèle, c’est la Namibie, qui a tout axé sur un tourisme de luxe. Peu de monde, des quotas pour l’entrée dans les parc, mais des prestations chères. Avec un véritable respect de l’environnement, il est fréquent de trouver des lodges haut de gamme, autour de 100 euros la nuit, qui n’offrent pas de piscine, parce que l’eau est rare, alors que dans le sud du Maroc, la moindre petite auberge à 200 dirhams la nuit doit avoir sa piscine.
Le contexte est différent bien sûr. La Namibie est loin, et le prix des billets d’avions effectue déjà une première sélection (quoiqu’on trouve en Allemagne des billets à bas prix pour cette destination). L’image aussi, et il est je pense trop tard pour le Maroc pour se construire une image équivalente.
Et surtout les prestataires. Il est, en dehors des riads, plus difficile d’obtenir une vraie prestation de luxe au Maroc. Par manque de savoir-faire local, et c’est ce qui explique aussi que beaucoup d’européens squattent ce créneau. Or si le tourisme de luxe d’aventures s’accommode bien de conditions d’hébergement spartiates, pendant quelques jours, il supporte beaucoup moins bien d’autres inconvénients… et notamment la surpopulation touristique.
Il y a déjà des produits que nous essayons de ne plus vendre, ou en tout cas en haute-saison, comme les bivouacs fixes à Merzouga, et nous essayons de proposer des voyages intermédiaires, avec la qualité des circuits aventure de luxe, des endroits peu fréquentés, originaux et beaux, mais avec un hébergement raisonnable.
Dans une région écologiquement fragile, comme le sud du maroc, c’est la voie vers un développement durable. Et qui ne soit pas destructeur du tissu social. Marrakech et Agadir resteront des ilôts isolés, des endroits où la vie est différente, tout comme New York est différent du reste des Etats-Unis. Mais ailleurs, quelque chose d’autre peut se développer.
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