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  • Sur la route de Marrakech

    J’aurais bien voulu faire mon article de « rentrée » sur une notre joyeuse, malheureusement ce début septembre a été endeuillé par un terrible accident de bus, de nuit, sur la route qui relie Zagora à Marrakech, en passant par le col de Tichka. Quarante deux morts, moins d’une trentaine de survivants (vingt-quatre blessés), un pays choqué, et des hypothèses et des explications qui partent dans tous les sens.

    L’accident de bus le plus meurtrier au Maroc

    Il faut dire que le lieu de l’accident est impressionnant. Sur cette photo, on voit toute la scène. Tout en haut, difficilement décelable, juste en dessous à gauche du pylône, un trait noir qui part vers le bas et la gauche : c’est le rail de sécurité arraché par la chute du bus.

    Lieux de l’accident de bus entre Zagora et Marrakech

    En dessous, on voit quelques morceaux du bus, jusqu’à la route. Des femmes sont assises sur le bas côté. C’est là que le bus a partiellement arrêté sa chute. Il s’est cassé en deux, et on voit, encore plus bas, des morceaux (notamment les coffres à bagages), éclatés, déformés, qui témoignent bien de la violence de l’accident. Dans ce contexte, les vingt-quatre blessés sont des miraculés.

    Les causes de l’accident n’ont pas encore été éclaircies. Si le gouvernement a tout de suite incriminé la vitesse, la surcharge et la vétusté du bus, la réalité semble moins univoque. Les témoins ne mentionnent pas d’excès de vitesse, mais parlent plutôt d’un problème mécanique, de type crémaillère ou direction, avec un bus qui va tout droit, et un chauffeur qui semblait tenter de redresser la situation.

    La route, sans être ce qu’on appelle au Maroc une « route Inch’ Allah » n’est pas en état parfait. Les neiges de l’hiver, les réparations rapides des nids de poules creusés par le sel et les intempéries en font une route avec beaucoup de cahots, qui usent les mécaniques.

    Une professionnalisation du transport ?

    C’est ce que propose le gouvernement, via le Premier Ministre Benkirane, et le Ministre des Transports, Aziz Rebbah, avec la mise en place d’une commission qui devrait avoir un avis éclairé sur les mesures à prendre pour éviter que « cela » se reproduise.

    Le problème de ce genre de commission, c’est que c’est une mauvaise réponse à un problème mal posé.

    Les lois existent au Maroc. Et si les lois étaient respectées, le bus n’auraient sans doute jamais été accidenté.

    Si les lois avaient été respectées

    • le bus n’aurait pas pris une vingtaine de passagers en surcharge, ce qui est sûrement un des points essentiels de l’accident
    • le bus aurait été obligé de se faire réparer après les contrôles techniques
    • l’argent destiné à l’entretien de la route aurait été utilisé exactement pour cela, et uniquement pour cela
    • les gendarmes qui contrôlent les véhicules au passage des barrières de neige, à Tichka, l’auraient arrêté à cause de la surcharge

    Pourquoi tout cela n’a-t-il pas été fait ? A cause de la corruption.

    Parce que les professionnels du transport ont un budget « contrôle », que beaucoup passent les dit contrôles en laissant un billet caché dans un paquet de cigarettes, qu’ils jettent par la fenêtre, parce que beaucoup d’élus détournent les fonds, ne font pas les travaux, ou se mettent d’accord avec les sociétés pour acheter des matériaux de mauvaise qualité et se partager la différence, parce qu’il en est de même lors du contrôle technique…

    Lors de la mise en place du « nouveau » code de la route il y a trois ans, les professionnels avaient fait grève, parce que le code renforçait très lourdement les amendes, notamment quant au respect des charges maximum. « Puisque c’est comme ça, le prix du kilo transporté va augmenter », ce qui était une façon bien naïve d’avouer que ces normes essentielles n’étaient pas respectées.

    Dans le cas de cet accident, la surcharge a été un élément prépondérant, les cahots n’auraient sans doute pas cassé la pièce mécanique si le bus avait été moins chargé.

    La professionnalisation nécessaire n’est pas tant celle du transport que celle des organes de contrôle, chargés d’appliquer la loi.

     

     

    One Comment

    1. hmida
      Posted 10 sept '12 at | Permalink

      Bravo pour les bonnes questions qui sont posées dans ce billet!

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