Aujourd'hui à minuit commence le 27° jour du mois de Chabane, la plupart des marocains pensent qu'il s'agit de Laylat Al Qadr, la "Nuit du Destin" (bien qu'en réalité, on n'ait pas de certitude sur la date réelle de la Nuit du Destin).
Néanmoins ce 4 août 2013, 26 Chabane 1434 a été marqué par un événement extrêmement important pour le destin du Maroc. Contrairement à ce que je craignais, contrairement à ce à quoi beaucoup de marocains s'attendaient, le "palais", ou plutôt le Roi lui même a réagit extrêmement rapidement à la crise provoquée par la grâce accordée au violeur de Kenitra. En faisant un geste absolument exceptionnel, dans n'importe quel pays du monde : en révoquant la grâce accordée.
C'est un moment exceptionnel dans l'histoire du Maroc car c'est, je crois, la première fois qu'un Roi se déjuge (même si, concrètement parlant, il déjuge plutôt ses sous-fifres, techniquement, il renie sa signature), la première fois aussi qu'un Roi écoute aussi rapidement la rue, quasiment sans violences. Même si elles ont été choquantes, les brutalités policières lors des manifestations de Rabat et Tanger ne sont que des exactions classiques, et la manifestation qui s'était déroulée à Agadir n'avait pas eu à subir ces répressions.
Vendredi, le Roi était seul et sans escorte dans les rues de Casablanca. Il a dû prendre la température de son peuple, et il a prouvé aujourd'hui qu'il pouvait répondre rapidement, et avoir l'intelligence politique de faire le tri entre l'essentiel (une grâce insupportable) et l'accessoire (la ligne rouge qui interdit de critiquer les décisions du Palais).
C'est un épisode qui aura très fortement marqué le Maroc. Au delà de la joie d'avoir été entendu, une autre constatation court sur la Weboma, que les politiques et les associations n'ont strictement servi à rien, au contraire. A l'exception de quelques voix rarissimes, aucun n'a marqué une opposition réelle à cette grâce, et tous se sont inclinés, pleins d'une obséquiosité tranquille, devant le soi-disant "intérêt supérieur de la Nation" qui aurait justifié cette grâce.
L'appareil politique a prouvé avec éclat à quel point il était incapable de tenir son rôle, et les marocains sans sont aperçus. Ce n'est jamais une bonne chose quand un peuple écrit que ses politiques ne servent à rien....
Laissez un commentaire