Cela se passe un peu tard, quand le service est fini.
C’est le moment où les serveurs, les chauffeurs, les guides se retrouvent dans le restaurant déserté, et commencent à se détendre, parler de la journée. Et à faire de la musique.
Dans la plupart des kasbahs, des riads, on trouve, quelque part, des djembés. Des cymbales. Des hajhouj.
Hier soir, ce fut particulièrement beau. Nous étions avec Chouchou, un musicien de Goulmima, dont le groupe, Imal, a fait un disque. Et Chouchou a toujours sa guitare avec lui. En arrivant dans la salle du restaurant, il a vu les djembés, et son oeil a brillé, la promesse d’une belle soirée.
Pendant le dîner, déjà, Chouchou a commencé à jouer, les compositions de son groupe. Les guides qui étaient là, spontanément, ont suivi le rythme, avec ce qu’ils avaient sous la main, verres, manches de couteau frappant les tables. Le patron a apporté les djembés, un chauffeur s’est installé.
La soirée a commencé. Le patron est allé cherché Djamel, un jeune qui travaille à côté, il fait faire des tours en dromadaire aux touristes. Ses longues mains fines semblaient voler sur la peau tendue du tambour.
Il y avait un groupe de touristes slovènes. Doucement, dans les chœurs qui accompagnaient les refrains des chansons de Chouchou, une voie pure, un soprano riche et chaleureux s’est élevé, doucement, avec de plus en plus de force, dans la nuit.
Le silence s’était fait, seules la voix de la femme, et la guitare de Chouchou se faisaient entendre.
Toutes les tables autour de la piscine où nous étions installés s’étaient remplies, peu à peu, les clients venaient profiter du concert. Rythmes berbères, chansons de Chouchou, chansons slovènes dont on ne comprenait pas les paroles, mais dont les mélodies parlaient d’un autre monde… sous les étoiles, la nuit s’est finie sur les cadences de “Mama Africa”
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