Le vieux caïd se reposait tranquillement sur sa terrasse, sirotant un dernier verre d’alcool avant d’aller se coucher. Il aimait bien son ermitage, où il goûtait la tranquille solitude qui lui avait fait tellement défaut pendant ses années de prison. Car personne ne prenait par hasard ce petit chemin de terre pour venir le retrouver dans sa petite maison au bord d’un chemin de douaniers, à quelques kilomètres du goudron.
Et il aimait cela. Il avait tant souffert de la promiscuité quand il était en tôle que ce petit bled paumé, loin de tout, était pour lui un paradis. Oh bien sûr, il ne fallait pas non plus en faire une montagne, il n’était pas un dangereux assassin, juste un petit escroc, il n’avait pas fait Alcatraz, ni le bagne, juste Centrale, et celui lui suffisait amplement.
Maintenant il vivait seul, au milieu des acacias et des oliviers, il allait souvent pêcher, et quand il rentrait bredouille, il s’ouvrait une boîte de thon pour manger avec sa salade de riz. Une petite tasse de café bien sucré là-dessus, et la soirée s’annonçait bien.
Evidemment, quand il était enfant, il avait des rêves bien différents. Il se voyait agent secret, James Bond élégant envoyé dans les missions les plus dangereuses par des messages chiffrés, ou bien capitaine au long cours, allant chercher sous les tropiques des cargaisons précieuses, mousselines et acajou. Ou bien encore, pacha du vaisseau amiral d’une grande expédition, il sauvait une captive des barbaresques et la ramenait à bon port, souriante et voluptueuse dans son alcôve tendue de draps de satin. Il avait commencé bien jeune à rêver des Indes, lisant dans une revue de sa mère un reportage sur les moines dont les robes de coton jaune safran l’avaient ébloui.
Pouvez-vous deviner combien de mots dans cette liste sont issus de l’arabe ?
Le vocabulaire arabe est entré dans nos langues européennes à plusieurs époques, et parfois, étrangement, nous avons retrouvé des mots grecs ou latins par le biais de l’arabe, lorsque les traductions des auteurs anciens faites au Moyen-Âge par les savants, en Andalousie et au Moyen-Orient nous redonnaient accès à des textes que nous avions perdu. L’arabe nous a aussi donné de nombreux mots issus du perse, et de pays plus lointains parfois.
Après le Moyen-Âge, où les controverses religieuses et les échanges entre savants nous mettaient autant en contact avec la langue que les croisades, la deuxième vague eu lieu bien sûr à l’époque de la colonisation.
Il est d’ailleurs intéressant de voir quand sont arrivés certains mots dans des langues comme le français, l’anglais, l’espagnol et l’allemand. Les étymologies, les traductions, les glissements de sens en disent long sur l’histoire de nos échanges.
L’espagnol (et le portugais) sont les langues bien sûr le plus imprégnées d’arabe. En dehors des noms de lieux, et des dérivés, on compte un peu plus de 850 mots d’origine arabe en espagnol, contre 420 en français (Source : ), le corpus anglais étant sensiblement aussi important, mais différent, et le corpus allemand plus faible.
Certains mots sont arrivés directement de l’arabe dans chacune des langues, d’autres ont eu des parcours plus complexes.
Nous nous sommes mis à trois, avec Herbert Braun, un linguiste allemand, et Pierre-Olivier, un français hispanisant, pour vous présenter ces chroniques.
La prochaine vous donnera la solution à notre jeu, et vous parlera d’un mot beaucoup plus riche qu’il n’en a l’air à première vue, le divan.
Et si vous voulez, vous pouvez jetter un coup d’oeil au . Mais ce serait un peu tricher, cela vous aiderait pour trouver les mots…
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