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  • Les manifestations du 20 février au Maroc

    Bravo à tout ceux qui ont résisté au premier pavé, sur la situation politique et économique au Maroc.

    Avant le 20 février

    Le renforcement de l’identité nationale avec Laayoune

    Je n’ai pas encore eu le temps d’en faire le récit, mais pour résumer, d’octobre à fin décembre, l’attention marocaine s’est portée sur Laayoune et le Sahara Occidental. Affaire Mustapha Ould Sidi Mouloud (un responsable du Polisario passé à la cause marocaine, et kidnappé et torturé par le Polisario), camps établis près de Laayoune, émeutes… pendant trois mois, le Maroc a renforcé son nationalisme, son support au Roi, son amour de la patrie face aux opposants qui pourraient éventuellement avoir l’envie d’autre chose. Mais ces événements ont aussi été l’occasion pour le gouvernement de distribuer des aides nettement plus importantes au sud, et de le « pacifier » ainsi.

    La solidarité avec les tunisiens et les égyptiens

    La sphère internet marocaine a tout de suite sympathisé avec les mouvements dans les autres pays, qui ont trouvé une résonance sur Facebook et dans les blogs. Des manifestations de soutien ont même eu lieu, qui ont été diversement traitées par le pouvoir, beaucoup plus tolérées quand il s’agissait de soutien à l’Algérie que pour la Tunisie…
    Une des manifestations récurrentes des jeunes diplômés chômeurs a été montée en épingle, comme une preuve de la contagion, alors qu’elle n’était que la répétition d’un mouvement régulier.

    Le Maroc c’est différent

    C’est le sentiment qui semblait prévaloir chez les Marocains.

    Entre ceux qui sont réellement satisfaits du régime, ou ceux qui s’en contentent « faute de mieux », trouvant la situation nettement meilleure que sous Hassan II ou en Algérie, le consensus était plutôt large pour dire que le Maroc était « différent ». Différent ne voulant pas dire totalement protégé, mais plutôt qu’on pouvait s’attendre à une contestation plus modérée, plus focalisée, et pas à une remise en cause brutale du régime.

    La visite du roi Abdallah

    Le Maroc a eu l’honneur de recevoir le roi Abdallah d’Arabie Saoudite. Le texte du Matin, (reprise directe de la MAP, agence de presse marocaine et couloir de transmission des textes royaux) est malgré tout assez clair :

    La convergence caractérise leurs relations, articulée également sur une vision solidaire. Dans ces conditions, on ne peut que rappeler le soutien financier que le Roi Abdallah Ibn Abdelaziz avait accordé au Maroc, consistant en la somme de plus de 500 millions de dollars, destinés à soulager la facture pétrolière du Maroc et à lui permettre de mieux affronter les hausses vertigineuses du prix des produits énergétiques. Cette somme, signe d’une amitié exemplaire, constituait la première partie du Fonds spécial que le Maroc avait mis en place pour faire face à la flambée des prix du pétrole et à laquelle s’est ajoutée la contribution des Emirats Arabes Unis.

    Le Maroc et l’Arabie saoudite restent également solidaires sur le plan diplomatique, et à chaque initiative saoudienne, le Maroc apporte son soutien spontané et vice versa. Autant dire que leur amitié transcende les contingences, voire même les vicissitudes. L’ancrage est historique et embrasse le présent et l’avenir.

    Peu de temps après, une augmentation de 25% du budget de la Caisse de Compensation a été annoncée.

    En clair, et sans fioritures, le Maroc ne sera pas abandonné par les pays du Golfe, qui s’assurent qu’il peut continuer à subventionner les classes défavorisées, et ainsi contenir les revendications et les mécontentements.

    Les manifestations

    Le 20 févier les manifestations ont donc eu lieu, après une solide préparation et une longue négociation entre les représentants des futurs manifestants et le pouvoir.
    Le deal, clairement exprimé avant était :
    « Pas de répression policière, pas de violence ».
    En majorité, ce deal a été respecté. Des manifestations ont eu lieu, comme je l’ai dit dans le précédent post dans la majorité des grandes villes marocaines, rassemblant en gros en tout 150.000 personnes. On trouve sur le web des photos des grands défilés à Rabat, Casablanca, Marrakech, Larache, El Hoceima, Tanger, etc.

    Les revendications étaient essentiellement dirigées contre l’entourage du roi, Fouad El Hima, son gouvernement, l’Istliqual, contre les corrompus, et demandaient de revoir la constitution et le cadre gouvernemental, en transférant à la fois plus de pouvoir et de responsabilité au gouvernement et au parlement, souvent perçu comme une chambre d’enregistrement.

    Les cortèges ont été retransmis à la télévision, sans non plus leur donner une couverture exceptionnelle.

    Les violences

    Il y a eu des violences, plutôt en marge des manifestations, en fin de défilé.
    A Marrakech, ce sont des symboles du côté jet-set de la ville qui ont été mis à mal, vitrine de MacDo et de quelques boutiques dans le Guéliz.
    A Larache, Tanger aussi du vandalisme à eu lieu, comme dans le Sahara Occidental.
    Rien de tout cela n’était pire qu’une bonne fin de manifestation parisienne.

    Plus grave, le ministre de l’Intérieur a annoncé le décès de cinq personnes qui auraient été à l’intérieur d’une agence bancaire incendiée à El Hoceima, mais un doute subsiste (sachant que les agences bancaires ne sont pas ouvertes le dimanche au Maroc… déliquants qui n’ont pas eu de bol ? Incompréhension ? Violences plus graves ?) Quoi qu’il en soit, la police a tenu sa parole, et ne s’est pas vu reprocher quoi que ce soit.

    C’est sans doute une des choses les plus positives de cette journée : les marocains ont prouvé, du côté « rue » comme du côté gouvernemental qu’une grande manifestation pouvait avoir lieu sans dérapage réel.

    La réponse royale

    La réponse royale a été donnée lors d’un discours prévu de longue date, le lendemain, lors de l’inauguration du Conseil Economique et Social. Sans être totalement une fin de non recevoir, c’est quand même une rebuffade forte.

    Nous avons constamment veillé à ce que la construction d’une démocratie effective aille de pair et en concomitance avec le développement humain durable.

    Nous nous sommes constamment refusé à céder à la démagogie et à l’improvisation dans Notre action visant à consolider notre modèle singulier de démocratie et de développement.

    Autrement dit « manifestez, ce n’est pas pour cela qu’on va changer dans l’urgence », et « la démocratisation n’est possible qu’avec le développement économique ».
    Si je suis tout à fait d’accord avec l’importance du développement économique (Brecht disait dans l’Opéra de Quatre Sous « Erst kommt das Fressen, dann kommt die Moral », « d’abord la bouffe, la morale ensuite » en réponse à la question « de quoi vit l’homme ? »), je crois qu’on ne peut pas laisser passer de telles manifestations sans y répondre au moins un peu.

    Mohammed VI a ouvert la porte aux réclamations par rapport à son père. Mais quand on laisse dire, il faut aussi répondre.

    La suite ?

    Une semaine après, le pays reste très calme. A la différence de la manifestation du 20 février, des défilés qui ont ensuite eu lieu pour soutenir la Tunisie ou la Lybie ont été brutalement réprimés, avec des tabassages dans la rue, mais ils ont aussi mobilisé moins de monde.

    La communication hors internet est assez bouclée. J’ai déjà vu au Maroc des énormes mobilisations sur le web, qui ne menaient à rien dans la réalité, ou à pas grand chose, d’autres qui ont réussi à obtenir une libération (Fouad Mourtada, déjà mentionné), sans dépasser le cadre de cette action ponctuelle. Il n’y a pas -surtout chez les jeunes- de vrai réseau politique, ni d’opposition en exil structurée, et les conditions d’un mouvement organisé sur le long terme ne semblent pas réunies.

    Le PJD, le parti islamique modéré, est sorti affaibli de l’épisode, il refusait de participer aux manifestations et a vu la démission de quelques députés qui eux, ont suivi les manifestants. Il risque d’éclater, ce qui donnera une incertitude supplémentaire sur le plan politique. Les radicaux ne sont pas en position de le remplacer, et le Maroc, même s’il est très musulman, n’est pas favorable aux intégristes (qu’on ne laisse pas vraiment s’exprimer non plus).

    A moins d’une grosse bourde, d’un incident grave, toujours possible, je vois plutôt la situation s’enliser doucement, se calmer peu à peu, en alimentant la frustration des manifestants et de ceux qui ont déjà « Das Fressen », tant que les prix restent stables (merci l’Arabie Saoudite).

    Ce qui se passe dans les pays voisins est important aussi. Or à l’exception de la Tunisie (pour laquelle il est trop tôt pour juger, d’une part, et d’autre part qui est le seul pays à avoir je pense la maturité politique et les personnes nécessaires pour réussir sa transition), il n’y a rien d’enthousiasmant. L’Algérie semble avoir réussi à contenir les manifestations, tout en restant dans un climat de revendication et de violence, en Egypte les prisonniers politiques ne sont toujours pas libérés, et il se pourrait que la révolution ait déjà été détournée par l’armée, quant à la Lybie…

    Personnellement, bien que j’ai depuis longtemps décidé de vivre dans ce pays, je ne me sens pas capable de prédire comment il sera dans dix ou quinze ans. En revanche, aujourd’hui, vu de notre sud (pourtant un pays « siba », de tradition révoltée), je ne pense pas que le printemps arabe révolutionnera le Maroc.

    Pour finir, je vous propose quelques articles sur internet, dont les auteurs partagent ou pas mon analyse, c’est intéressant à la fois pour ce que les auteurs disent, et pour les commentaires :

    2 Comments

    1. claude
      Posted 1 mar '11 at | Permalink

      Bonjour,

      En gros, d’accord sur l’ensemble , mais surtout avec une phrase clé, qui devrait etre en gras, souligné, rouge, clignotant :
      TANT QUE LES PRIX RESTENT STABLES !!!!!!
      Et aujourd’hui, merci la Saoudie ….

      Je mettrais quand même un bémol sur l’importance et l’influence de la globosphère, le pays étant peuplé de gens n’ayant pas accès au net de part de leurs moyens financiers, et de l’indigence du système éducatif.

    2. Posted 1 mar '11 at | Permalink

      On est d’accord.
      Pour le web, je crois qu’à la différence de Mourtada, on est sorti de la sphère des blogueurs. Le « printemps arabe » passe tous les jours à la télévision, ce qui fait que même les non internautes sont parfaitement conscients. Maroc Télécom doit engranger des nouveaux revenus pour la transmission d’info :)

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