La Gazette du Chergui

Hier matin, pour l’appel à la prière du matin, As-Sobh, qui marque le début du jeûne, je me suis levée. Le balcon de l’hôtel donne sur le grand boulevard Houphouët Boigny, c’est une vue que j’aime, les façades blanches, un peu (beaucoup) écaillées qui se succèdent, les terrasses, les coupoles des paraboles, mélange d’anciens immeubles années 30, malheureusement pas assez entretenus, de maisons marocaines traditionnelles classiques, et de temps en temps, un immeuble un peu plus moderne. Sur la droite, par très loin, un minaret. Et tout au fond, face à nous, la silhouette de la mosquée, comme un vaisseau qui s’avance vers la ville.

Mais hier matin, dans une ambiance toute blanchâtre, silencieuse, cotonneuse, dans une brume épaisse qui planait bas sur la ville, la mosquée avait disparu.

Complètement disparue…

J’ai cru un instant à une illusion, un reste de sommeil. J’ai cherché à l’apercevoir, à deviner dans l’épais brouillard au moins la silhouette du minaret, normalement visible à plusieurs kilomètres à la ronde.

Rien de rien.

Et puis soudain, dans le silence, la voix du muezzin a transpercé le brouillard, encore plus forte, encore plus présente de n’être qu’une voix, qu’un son proclamant la grandeur de Dieu (ce sont les premiers mots de la prière, Allah ou Aghbar Akbar, Dieu est grand), venu de nulle part, sortie de ces nuages et de la mer. Et peu à peu les autres mosquées lui ont répondu. Le matin a commencé.

Mais la mosquée n’est apparue qu’en milieu de matinée, les nuages montant peu à peu. On pouvait voir son toit, et au-dessus de la brume, le haut du minaret. De la journée entière, elle ne s’est pas montrée intégralement. Toujours la brume en dissimulait une partie. Il faisait chaud, très chaud, 32°, beaucoup plus que normal en ce mois d’octobre, et cela rendait Ramadan encore plus difficile.

Le soir, la brume était plus légère. Et pour la dernière prière du jour, on pouvait deviner la lueur du haut du minaret.